
L’autoroute Abuja-Kaduna, censée symboliser la modernisation infrastructurelle du Nigeria, est devenue l’épicentre d’une lutte acharnée contre les enlèvements et l’insécurité routière. Dans ce contexte, le partenariat stratégique avec la Turquie prend une dimension capitale. Des drones BAHA surveillent désormais la zone aérienne, tandis que des véhicules blindés turcs YÖRÜK 4X4 protègent les axes terrestres, reflétant l’intégration croissante de la technologie turque dans la politique sécuritaire nigériane.
Au-delà de ce projet à plusieurs millions de dollars, cette collaboration illustre un virage dans les alliances militaires africaines, marqué par l’essor des exportations turques en matière de défense, passées de 83 à plus de 460 millions de dollars en un an. Contrairement à l’approche conditionnée des pays occidentaux, la Turquie propose une coopération sans ingérence, permettant aux États africains de conserver leur souveraineté sur les décisions sécuritaires.
L’acquisition de six hélicoptères T-129 ATAK, les formations en intelligence militaire et la diversification des équipements illustrent une politique de défense plus autonome. Mais selon le ministre nigérian de la Défense, Bello Matawalle, cette montée en puissance technologique ne suffira pas sans un sursaut national autour du renseignement local et de la mobilisation communautaire.
Au cœur du Sahel, l’implication croissante de la Turquie qui soutient activement les pays sahéliens et multiplie ses accords bilatéraux montre une volonté d’être un acteur de stabilisation régionale. L’autoroute Abuja-Kaduna devient ainsi un symbole : celui d’une coopération redessinée entre nations africaines et partenaires non occidentaux, au service d’une sécurité refondée, adaptée et souveraine.