
Dakar tourne une page importante de son histoire militaire avec Paris. En exigeant la fermeture des bases françaises sur son territoire, le Sénégal affirme une volonté claire de reprendre le contrôle de ses priorités sécuritaires. La restitution du camp Geille et d’autres infrastructures d’ici l’été 2025 s’inscrit dans une dynamique déjà observée au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où les présences militaires étrangères ont été remises en question.
Le départ des quelque 350 militaires français marque un tournant : la coopération sécuritaire ne passe plus par une présence physique, mais par des échanges ciblés. En témoigne la rencontre discrète entre le président Bassirou Diomaye Faye et le directeur de la DGSE, Nicolas Lerner, à Paris en août, après une visite confidentielle à Dakar en juillet. Ces discussions, bien que non publiées officiellement, montrent que le dialogue reste ouvert, notamment sur les enjeux de renseignement et les menaces aux frontières.
Le Sénégal redéfinit sa relation avec la France sans la rompre. Il cherche à renforcer ses capacités locales tout en gardant un canal d’échange stratégique. Ce repositionnement, qui incarne une indépendance assumée, pourrait toutefois susciter des tensions au sein de la base militante du Pastef, attachée à une rupture plus nette avec les anciennes puissances coloniales.